Autisme : lutter contre le stress grâce aux animaux de compagnie

Par Louise Horvath le 24.05.2015 à 19h00, mis à jour le 24.05.2015 à 19h00

Les interactions sociales sont autant de situations stressantes pour les personnes atteintes de troubles du spectre autistique. La présence d’animaux de compagnie serait-elle une solution pour lutter contre cette anxiété sociale ?

Les cochons d'inde parviendraient à apaiser les enfants atteints de troubles du spectre autistique.

Les cochons d’inde parviendraient à apaiser les enfants atteints de troubles du spectre autistique. © OJO IMAGES/REX FEATUR/REX/SIPA

Pour les enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA), les relations sociales sont sources de stress et d’angoisse. Et cela les marginalise souvent davantage. Comment palier cela ? L’équipe de Marguerite O’Haire de l’université du Queensland (Australie) a fait le pari que la présence  des animaux pourraient diminuer ce stress.

Des niveaux de stress supérieurs à ceux des autres enfants

99 écoliers âgés de 5 à 12 ans dont 33 souffrant de TSA ont participé à cette étude. L’expérience confrontait les enfants, par groupe de 3 (un enfant TSA et deux non TSA), à quatre situations: lire silencieusement pendant 5 min, lire devant la classe (5 min), s’amuser avec des jouets (10 minutes) et passer du temps avec deux cochons d’Inde (10 minutes). Tout cela dans un environnement familier : leur salle de classe habituelle ou une autre pièce de leur école. Le stress des jeunes participants était mesuré par un auto-test avec une échelle de smileys (5 niveaux de très content à pas du tout content) que complétaient les enfants et des tests de mesure de la conductance cutanée, l’électricité présente à la surface de la peau. Ce dernier paramètre était décomposé en deux mesure : la réponse de conductance cutanée (RCC) et le niveau de conductance cutanée (NCC). La première indique l’activation de l’amygdale, caractérisant un stress mental et un traitement émotionnel de l’information. La seconde traduit une activation du cortex cérébral préfrontal, qui a lieu lorsquel’on traite des informations extérieures et que l’on s’engage dans une tâche qui demande de l’attention.

Au repos, les enfants TSA ont montré un niveau de stress bien supérieur à celui des autres. Mais tous ont mentionné, lors du test des smileys, avoir été moins stressés avec les animaux. Ensuite, les activités les moins stressantes étaient, dans l’ordre : le jeu, lire silencieusement et lire à l’oral.

Les mesures de conductance cutanée, quant à elles, ont montré de grandes variations entre les deux groupes d’enfants. Chez les enfants TSA, la RCC et le NCC ont montré une courbe similaire. Les lectures provoquaient le même niveau de stress, supérieur à celui des autres enfants. La RCC, et donc leur stress, atteignait un pic lors des lectures et diminuait en présence des rongeurs. Pour les enfants non TSA en revanche, la RCC et le NCC étaient différents. La première, augmentait progressivement  entre la lecture silencieuse, celle à voix haute et le jeu puis redescendait quand ils étaient au contact des animaux. Le NCC montrait quant à lui une augmentation constante entre ces activités jusqu’à un paroxysme avec les animaux. Une réaction inverse de celle observée chez les enfants TSA.

Une présence apaisante

De telles différences s’expliquent par l’attrait de la nouveauté, qui galvanisait les écoliers caressant les cochons d’Inde et provoquait par là même un fort NCC. Il est toutefois un point sur lequel les résultats sont formels : les animaux ont participé à baisser le stress et apaiser tous les enfants. Bien plus que les jouets, dans le cas des enfants TSA pour lesquels ces sessions généraient du stress, lié à la nécessité de rapports sociaux. Les animaux de compagnie, une présence rassurante face à un monde extérieur parfois hostile ?

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